2023 : Good Night and Good Luck
Salutations, Sac à Viande errant sur l’internet,
Comme chaque année, je te retrouve ici pour tenir une promesse une fois brisée et toujours regrettée, celle de ce moment de solitude nocturne et embrumée entre toi et moi. Je ne tirerai aucune gloire dans le fait que ma précédente édition était plus on point sur le mood ambiant qu’un laser de drone sur un char Russe, parce que ça je l’avais pas vu putain. Mais quelle année de chie ma bonne âme. Franchement j’avais trouvé 2021 à la limite de l’impossible, mais 2022, vraiment mes enfants j’ai pas les mots, et pourtant j’ai failli crever 2 fois pendant la précédente, mais quelque part ça a été pire sur trop de domaines…
Hold up, wait a minute…
2022 c’est comme le sketch du gars qui explique au journaliste qu’il a trouvé sa femme et l’amant de cette dernière déchirés à la Meth, un double dildo enfoncé dans le fion dans une révision artistique de “Mi-chat Mi-chien”. Pourtant ça avait pas mal commencé, mon toubib m’a empêché de crever avant Noël dernier, un chirurgien m’a Stradivarius la face pour pas que je crève avant mes 40 ans, ça sentait l’espoir un peu, c’était bien. Jokes on me, j’avais zappé qu’une bonne vanne doit toujours avoir un effet retardant, pourtant je suis le spécialiste de la vanne sale qui te crame le lobe pariétal inférieur comme les acides artisanaux de festoche brestois que distribue mamie Plouganec à l’entrée du champ.
Je t’avais conseillé de prendre des vacances, d’en faire moins et d’essayer de ne pas être en survival mode tout le temps, évidemment, fais ce que je dis et pas ce que je fais, je suis arrivé en juin avec une recommandation de mon toubib préféré “faut que tu t’arrêtes sinon tu vas crever”. J’avais grindé comme si je voulais m’échapper de Shawshank, tout ça parce que “tu comprends, c’est la merde”. Il est bon mon toubib pour voir quand je suis au bout du rouleau de PQ, enfin, moi je trouve. Même si lui ça fait 3 ans qu’il est en burnout et qu’il tient avec deux ficelles et des anti-acides qui lui filent une intoxication à l’aluminium (oui, c’est vous dire si j’en ai trouvé un plus con que moi), il a un meilleur diagnostic que la plupart des blouses que j’ai pu croiser. Ah si seulement on savait comment former des bons médec- OH WAIT. Non, n’allons pas là dessus, mais quand même, voilà quoi.
And then the shit hit the fan.
Du coup entre juin et septembre, j’ai essayé un peu de vivre et c’était incroyablement dur maggle. J’ai cru que j’allais faire une dépression, non mais genre une autre par dessus celle que notre génération a déjà quoi, enfin tu vois le merdier, folklorique. C’était “intéressant”, j’ai pris mes premières vraies vacances d’une semaine hors de mon temple/prison/bureau depuis des années, et ouais, j’ai bien aimé. Bon certes j’ai eu pas mal d’envies de meurtre sur le trajet et pendant le séjour, mais j’ai un profond problème avec les gens qui portent pas de masque dans le train et les sacs à merde. Hey, c’est pas vraiment de ma faute si j’essaie de pas caner ou si j’essaie de me comporter décemment mais j’ai dû avoir un mémo VIP à un moment avec des directives en morse, qui sait. Un “Summer of Life & Love” étrange et mirifique, 3 ans sans voir personne, revenir à la civilisation et rencontrer des gens, j’étais un peu comme à la fin de “Seul au Monde” mais j’étais plus Wilson que Chuck. C’était cool et même si je suis revenu avec un “Covid-19 II : Back to the fucker” qui m’a défoncé pendant 5 semaines et m’a collé des angoisses pendant tout autant, clairement ça m’a fait du bien au cigare.
Il restait donc un quart de 2022 à tenir, je me suis dit “ok c’est pas brillant mais jusqu’ici, tout va bien”. J’avais oublié que c’était aussi l’histoire d’une société qui tombe et se répète la même chose. Et c’est donc là que la blague 2022 a commencé à délivrer sa chute comme un discours d’avocat devant un jury populaire. C’est absolument de ma faute note, j’ai baissé ma garde et paf pastèque, je me suis fait éclater par une tapette géante. Je tire tout de même mon chapeau à cette année de chie qui a l’incroyable talent de surprendre dans ses dernières semaines en mettant tant de mes proches par terre pour une raison ou une autre, que ça soit par des décès impromptus ou la filsdeputerie la plus servile et veule. Vraiment, jusqu’à la dernière semaine, t’auras été une saloperie 2022, prends ta couronne et casse-toi.
Qu’est-ce qu’on fait mon adjudant chef ?
J’en sais foutre rien Pithivier, j’ai pas la queue d’une idée là de suite, j’ai même pas fini de lécher mes plaies et faire mes deuils qu’on rempile dans les tranchées. Et en plus là j’ai limite le cul à l’air, genre j’ai froid, Gilles. Honnêtement là mon talent inné pour résoudre les problèmes et mes nombreux contingency plans arrivent en janvier à plat. Je sais qu’il me manque la fortune de Bruce Wayne pour pouvoir racheter Gamekult et Les Nums et les empêcher de devenir des poubelles à ciel ouvert, j’ai essayé, le destin me veut pas riche parce qu’il sait que je deviendrais con avec. J’aurais bien fait un take over supplémentaire pour mettre mes Canards sous l’aile protectrice de la FoxCorp et garantir qu’on aura pas que des influenceurs du cul en 2024, mais voilà, faut que je trouve un plan ou que j’épouse une vieille milliardaire si je veux y arriver. Je suis pigiste depuis 22 ans, le tapin je connais, mais ça mes poulets je peux pas. Déjà parce que je suis moche sa mère hein, faudrait un programme Marvel MCU à base de protéines et d’injections de ce qu’ils donnent aux acteurs et encore, ça ferait pas repousser mes veuchs donc déjà, ça c’est foiré d’entrée, et puis j’ai jamais été doué avec un couteau à huîtres. Il reste bien le braquage de banques, mais je ne me vois pas entrer en politique, je suis trop difficile et ceux qui me connaissent le savent : si je respecte la Convention de Lahaye, derrière ma célèbre et bedonnante bonhommie je suis plus Convention de la Haine. Donc ouais, pour avoir un plan béton pour 2K23, là c’est chaud de la calebasse ma couillasse.
S’il est acquis que notre société est bien mal en point, que ceux élus n’en ont rien à carrer et que ceux censés améliorer la condition de l’humain n’ont aucune réelle alternative, c’est pas brillant. Nous sommes à bord d’un train rempli de clowns qui essaient de faire croire que le Snowpiercer est un super système qui marche quand clairement, les moteurs fonctionnent à la chair humaine et qu’on va droit vers le plus grand mur jamais construit. Je t’ai préconisé de lever le bouclier et de tanker l’an dernier, on a tanké et on a perdu tant sur la route que je ne sais pas quoi te dire pour te donner un peu d’espoir réel.
Quand tu vois tes amis chialer à en crever, le cœur brisé, le corps en miettes, l’âme écrasée par la vie et l’immense machine à broyer les gens, c’est dur de trouver de la lumière. Le doute est partout, irraisonnable et malodorant, mais il faut aussi se rappeler que si tout sent vraiment pas bon, il y a des choses qui comptent autour de toi. Ce n’est pas parce que tu ne vois pas tes proches tous les jours qu’il t’oublient ou qu’ils ne pensent pas à toi, si tu penses à eux, c’est la même chose hein, sois pas bête à t’autobasher, life happens, faut faire des trucs avant qu’il soit trop tard. T’as pas de plan, tu sais pas où tu seras dans un an, tu sais plus qui tu es et ou tu vas ? Reach out, on est jamais aussi seul que quand on croit que personne ne regarde, et il y a toujours quelqu’un, proche ou même étranger qui peut tendre la main. T’as eu une bonne année et tu te sens bien ? Nice, fais ruisseler vers les autres, un peu de temps, une main tendue, un mot gentil, une oreille qui écoute, ça te coûte zéro et tu peux sauver une vie. C’est rien, ça t’oblige à rien, juste être un peu décent te filera pas de pognon mais ça t’évitera de te sentir comme une merde au bout du chemin.
Stay Irredeemable, Become Ungovernable.
J’ai bien trop d’OCD’s pour être un anarchiste, j’aime les trucs alignés, je compte les lattes de mon parquet et je crise parce que j’ai fixé une étagère 3 mm plus basse qu’une autre après 5 passages au niveau laser, je peux pas. L’anarchisme c’est pas pour moi, je suis une graine de dictateur éclairé qui aime les pals et les larmes de fascistes au petit déjeuner (vers 14h, faut pas déconner), mais dans l’esprit, dans son for intérieur, c’est peut-être la seule solution que je pourrais te proposer pour survivre à 2023. Le travail nous enchaîne, il ne nous libère en aucune manière, l’argent roi nous enlise, jamais ne nous permet de tenir debout, la culture capte notre attention, elle ne cherche plus assez à nous élever. Alors sors des cases prédéfinies par nos amis du marketing et de la gestion de marque, ces gens là ne te veulent pas du bien. Bien trop peu de gens le veulent d’ailleurs, tout est affaire de qui utilise qui pour arriver à quoi et derrière rien. T’as pas besoin de montrer que ta vie est meilleure que les autres, aucun intérêt à tourner dans la roue imposée par des codes nés dans des bureaux emplis d’une odeur d’acide citrique et de déodorant en vogue. Ces gens là sont toujours sympathiques, mais vains, effrayés par demain et leur seule option est de courir dans la roue en espérant que la grande main invisible ne les écrasera pas.
Esclaves d’une société vouée à l’échec, même les chantres “du changement” ne sont que de piètres Machiavel visant l’acquisition et la rétention de jeunes esprits, pour leur business, leur gloire et leur profit. Devient incorrigible, ingouvernable Maître et Maîtresse de tes choix, de ta vie et de ta propre route. Quelqu’un te plaît et t’as envie de lui dire ? Qu’est-ce que tu as à perdre ? Du temps ? Tu le vends pour une misère sans obtenir une once de bonheur en retour, ni reconnaissance, ni avenir, rappelle-toi que pour eux tu es la merde de ce monde prête à servir à tout, et tu sers, encore et toujours. Je ne te dis pas que claquer la porte de ton taff et de partir élever des chèvres dans le Larzac, 99% d’entre nous tiendraient pas 3 semaines dans un merdier pareil, mais si à l’extérieur il faut survivre, au moins fais en sorte qu’il y ait du feu à l’intérieur de toi.
cmd setx
Si tu ne peux changer l’intégralité d’un système qui sombre, tu peux ajuster et modifier ton environnement par petites touches et améliorer ton quotidien. Non, faire cramer les datacenters bancaires abritant voleurs, violeurs, assassins et escrocs n’est pas une solution, enfin si mais non, t’es comme moi, on tient plus de Robert Paulson que de Tyler Durden et perso j’ai pas vraiment envie de crever de suite. Par contre, si quelqu’un est à la peine, il peut pleurer sur mes manboobs parce que je ferai en sorte de lui donner un peu de temps et de lui prêter mon oreille. On est souvent impuissants face à l’adversité, mais l’important est de se rappeler comment on a survécu, pas de pourquoi le random infini de la merde a encore tiré son numéro. Je ne dis pas non plus d’être un giga bisounours et de ramasser tous les clébards galeux et les chats en miettes, ça va te mettre par terre et au bout tu seras aussi bas que ceux que tu veux aider.
Pose des règles. La première, tu dresses la ligne au respect de toi. Ouais c’est bateau as fuck mais à 40 balais j’avais pas totalement intégré ça et il a fallu que je me retrouve un genou à terre et le thorax ouvert comme un capot de Firebird 71 pour qu’on me rappelle les bases. La seconde, ton énergie n’est pas illimitée, regarde ta barre de stamina et surveille-la parce que ta vie en dépend. C’est facile de se laisser absorber par le grind de taff, les gens autour, la vie, le vin le Boursin, sauf qu’à force tu finis plat comme du papier peint. Acceptes que tu as besoin de “me time”, coupe les réseaux, oublies ton téléphone, essaie de faire un truc pour toi et juste pour toi. En règle Trois, n’oublies pas que le vide que tu ressens ne peut être comblé que si tu regardes à l’intérieur pour savoir ce qu’il te manque. Une présence, une raison de te lever le matin, un avenir ou une envie, quand ça manque c’est qu’il y a autre chose derrière, ce qui amène au point suivant. Grand Quatre ouvrez les guillemets : “Mais tu vas t’aimer un peu toi-même bordel de merde ?!” Vraiment c’est le pire bolossage à se faire mais faut y aller et se mater dans le miroir un grand coup pour ne pas oublier. Ok, ce que tu vois te plait pas, c’est pas Chris Evans en gilet de laine ou Blake Lively au Met Gala, et alors ? Déjà si tu te plais pas c’est juste que t’es pas ton genre, y a rien qui t’oblige à vouloir te pécho hein, vérité universelle je préférerais pas me pécho mais je m’aime quand même pas mal pour ce que je suis.
Avec ces quatre petites règles de base, le Grand Gourou du n’importe quoi que je suis t’invite à découvrir que ce qui se passe en toi doit primer sur ce que l’univers veut imprimer sur toi. Quel est le sens de tourner en rond à mater 3h de Tik Tok / Insta par jour où des gens sont des esclaves de l’attention ? Pour beaucoup le rush d’adrénaline est absolu, ils sont accrocs, de purs addicts de l’empouvoirement temporaire, un dealer qui demande de s’épuiser et de courir de plus en plus loin pour maintenir une dose plus forte de likes, de commentaires et de partages. C’est malheureusement pas une vie, une fois l’écran éteint on est seul face à soi-même. Si on se laisse manquer de respect, on s’effrite, si on s’oublie dans le regard des autres, on se perd, si on se rempli de tout et rien pour masquer qu’on va mal, on s’efface. Et dernier point, si on ne se regarde pas pour ce que l’on est, on se vide pour de bon.
Alors déconne pas, occupe-toi de ton petit boule de beurre et de ton petit cœur de chiffon, fais-toi aider si tu as besoin, va aider si tu le peux. Survis au merdier infini qui continue, ris de cet incroyable accident de train au ralenti en renforçant et en protégeant ce qui compte le plus pour toi. Comme le dit la célèbre chanteuse Bruxelloise, “tout est devenu flou”, elle bien raison, même avec deux paires de lunettes et un cerveau qui carbure aux vecteurs et aux cordes dimensionnelles, personne ne sait quel merdier nous attend à partir d’aujourd’hui. Afin de pouvoir tenir dans l’infinie incertitude de demain et d’avancer dans cette brume épaisse et bizarre, prends soin de toi et des tiens, lève le bouclier quand tu peux, attaque quand il le faut, construis ton empire intérieur pour marcher la tête haute au milieu des cendres de ce monde qui s’écroule.
Je te la souhaite calme et prospère, en santé et pleine d’amour. Si tout va bien j’espère te retrouver l’an prochain pour notre rendez-vous annuel sous les étoiles de l’alcool et de la philosophie, digne de celle d’un ivrogne notoire, qui souvent utilisa le trottoir comme dortoir.
Statement : Stay alive, stay weird, see you next time, Meatbag.
